« Les failles du dedans »

Modelage, décors au pinceau et à la poire d’engobes et de colorants céramiques, décors de sérigraphies.
Cuisson faïence à 1100 degrés et sérigraphies à 820 degrés. Prix : 800 euros.

Cette sculpture met en scène une architecture rigide, presque monumentale, surmontée d’un buste d’homme au visage fendu horizontalement. Cette fracture nette et troublante, traverse le silence apparent de la pièce. Elle est la métaphore d’un déchirement intérieur, d’un déséquilibre invisible mais profond, logé derrière les façades que l’on construit pour se contenir. Le buste, figé dans une posture de dignité ou d’endurance, porte sur lui les stigmates muets de la psyché. La fente qui divise le visage en deux rappelle que ce qui est surface n’est pas toujours ce qui se joue en dedans. Elle évoque la cassure ente l’image que l’on renvoie et l’émotion que l’on retient. Sur la surface, le travail des engobes au pinceau donne à la matière une profondeur tactile, presque organique. Les couches s’accumulent, s’effacent parfois, comme les couches d’un récit intérieur. En surimpression, des décors sérigraphiques viennent inscrire des fragments visuels sur les douleurs psychologiques, entre témoignage et abstraction : éclats de mots, silhouettes en tension, textures mentales. Ces motifs viennent habiter l’argile comme la mémoire habite le corps, en silence, en résistance. Les failles du dedans interrogent la fragilité des équilibres intérieurs, la construction identitaire, et la porosité entre les murs que l’on dresse pour tenir les blessures que l’on porte. Une œuvre qui ne cherche pas à réparer, mais à rendre visible – avec justesse et pudeur – ce qui en chacun, menace parfois de se fendre.